Loire Atlantique
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La couleur est une notion plus complexe qu’il n’y paraît, liée à la perception, aux propriétés physiques et à la dimension culturelle.

 

il y a un nombre infini de couleurs.Il convient d’  être attentif à la diversité des noms qui peuvent les définir (vermeil, rubis, pourpre, etc.), voire à en inventer certains (rouge d’une belle tomate mûre, vert d’une pelouse fraichement tondue, etc.). En peinture, on peut explorer les mélanges, en prêtant attention à ceux réalisés à partir des couleurs primaires (magenta, cyan et jaune primaire).

 

On peut aussi investir la couleur sans relation préalable au dessin. On pourra également observer les recherches de Rubens sur la couleur ou encore celles des Impressionnistes qui cherchent notamment à saisir les couleurs et la lumière, changeantes suivant l’heure de la journée.

 

La couleur, lorsqu’elle est liée à la figuration, peut s’éloigner du strict rôle d’identification

 

(« le ciel est bleu, les toits sont rouges… »). Il est possible d’observer les recherches des Fauves, ou d’autres artistes des XXe et XXIe siècles. Il est intéressant d’évoquer avec  les couleurs présentes en architecture ou sur certaines sculptures, avec notamment une réflexion sur la restauration lorsqu’il s’agit des couleurs souvent disparues des statues grecques antiques, ou des façades des cathédrales, entièrement peintes.

 

Dans l’usage courant, certaines couleurs sont associées à des émotions ou des sentiments : le rouge pour la colère, le bleu pour la peur, etc. Il convient d’amener les élèves à se rendre compte que la couleur peut être choisie indépendamment de ces représentations, celles-ci variant selon les sociétés6.

 

La couleur peut prendre une importance particulière lorsqu’elle est liée à de grandes surfaces ou travaillée dans sa matérialité. Ainsi, Matisse souligne qu’« un mètre carré de bleu, c’est plus bleu qu’un centimètre carré de bleu » et Dubuffet qu’« il n’y a pas de couleurs à proprement parler mais des matières colorées. La même poudre d’outremer prendra une infinité d’aspects différents selon qu’elle sera mêlée d’huile, d’œuf, ou de lait, ou de gomme ».7 La matière colorée peut être épaisse (empâtements), fluide, visqueuse, semi-fluide, liquide (jus, glacis), etc. Utilisant un bleu intense nommé IKB, comme matière première, Yves Klein parle « des lecteurs de (ses) monochromes qui, après avoir vu, après avoir voyagé dans le bleu de (ses) tableaux, en reviennent totalement imprégnés en sensibilité. »

 

DES EXPRESSIONS:

 

Annoncer la couleur /Avoir descouleurs/Couleur locale/
En couleur(s), qui présente des couleurs variées,

 

par opposition à noir et blanc/En dire de toutes lescouleurs sur quelqu’un/En (faire) voir de toutes les couleurs/Haut en couleur/Homme, femme, gens de couleur/La couleur du temps/Voir/ Ne pas voir la couleur de quelque chose/Passer par toutes les couleurs/
Perdre ses couleurs /Prendre des couleurs…..

 

 

 

DES CITATIONS:

 

Pablo Ruiz Picasso (Málaga 1881-Mougins 1973)
«En réalité on travaille avec peu de couleurs. Ce qui donne l’illusion de leur nombre, c’est d’avoir été mises à leur juste place

 

Conversations avec Christian Zervos, 1935 in Cahiers d’art

 

«Quand je n’ai pas de bleu, je mets du rouge

 

Cité par Paul Éluard dans Donner à voir, Je parle de ce qui est bien , Gallimard

 

François Morellet
« En 1960, après plusieurs années de travail sur les trames superposées en noir et blanc, j’ai eu un grand désir d’utiliser la couleur […] C’est pourquoi j’avais choisi la solution suivante : sur un tableau de 1 x 1 m, je traçais 200 lignes horizontales et 200 lignes verticales, formant ainsi 40 000 carrés de 5 mm de côté.J’avais opté pour une suite de chiffres, en l’occurrence l’annuaire du téléphone, et demandai à ma femme et à mes enfants de me les lire. À chaque carré était attribué un chiffre. Si ce chiffre était pair, je faisais une croix, s’il était impair, je ne faisais rien. Quand ce travail fut terminé, j’avais à peu près 20 000 carrés avec une croix et 20 000 carrés sans croix. Il ne me restait plus qu’à peindre au pinceau les carrés avec une croix d’une couleur (bleu) et les carrés sans croix de l’autre couleur (rouge). Ce travail s’étendit sur un an environ. »

 

Sophie Calle
«Dans Léviathan, Paul Auster décrit ainsi son personnage Maria : « Certaines semaines, elle s’imposait ce qu’elle appelait ‘le régime chromatique’, se limitant à des aliments d’une seule couleur par jour ». Afin de nous rapprocher, Maria et moi, durant la semaine du 8 au 14 décembre 1997, j’ai décidé d’obéir au livre.»

 

Gérard Fromanger: entretien avec Florence Briat-Soulié
«Moi je suis plutôt pour les passions joyeuses, mais la valeur suprême pour moi c’est l’énergie du Monde. Alors les couleurs seraient l’exemple d’Einstein, vous êtes dans une gare, votre train démarre, mais il y en a un autre à côté, alors comment voit-on que c’est le notre qui démarre, on regarde alors le quai et on voit bien que c’est nous qui démarrons, donc il faut un quai. Alors entre l’espace et le temps, Einstein a trouvé le quai. Il dit : il y a une valeur qui fait quai, cela veut dire constante, partout et toujours, c’est la vitesse de la lumière, alors il dit E = MC2. Moi, il faut aussi que je trouve mon quai et mon quai c’est la couleur, entre les passions humaines, les décors, l’abstraction, la figuration, la géométrie, le lyrisme, le street art, les environnements, la vidéo, tout ce que vous voulez. Mais mon quai c’est la couleur !»

 

Diderot à propos de Chardin salon de 1763:

 

«C’est celui-ci qui entend l’harmonie des couleurs et des reflets.O Chardin! Ce n’est pas du blanc, du rouge, du noir que tu broies sur ta palette : c’est la substance même des objets, c’est l’air et la lumière que tu prends à la pointe de ton pinceau et que tu attaches sur la toile….On n’entend rien à cette magie. Ce sont des couches épaisses de couleur appliquées les unes sur les autres et dont l’effet transpire de dessous en dessus. D’autres fois, on dirait que c’est une vapeur qu’on a soufflée sur la toile ; ailleurs, une écume légère qu’on y a jetée»

 

Henri Matisse:
«un ton seul n’est qu’une couleur, deux tons c’est un accord, c’est la vie»

 

Adolf Doerner
«Les couleurs chaudes semblent avancer, les couleurs froides reculer. De plus les couleurs saturées aussi semblent avancer. L’efficacité du rouge dans un tableau peut être renforcée par ce qui l’environne, par la présence de sa couleur complémentaire, comme par celle d’une valeur neutre, un gris coloré, mais aussi d’un rouge d’une intensité moindre ou au contraire plus accentuée.…Toutefois, sa source principale vient du travail de Nietzsche dansLa Naissance de la tragédie. Rothko reprend l’exemple du mythe de Sophocle dans lequel aussitôt après avoir été ébloui par la lumière notre champ de vision est brouillé par des tâches sombres qui compense notre éblouissement. Ce phénomène s’applique en fait à l’effet voulu par le peintre dans ses oeuvres de couleur.»

 

Barnett Newman
«Qui a peur du
rouge, du jaune et du bleu I?» titre d’une toile, 1966

 

Paul Klee

 

«Il s’agit d’établir une boite idéale de couleurs, de définir un arrangement où puisse se justifier la place de chaque couleur, de se confectionner une trousseà outils»

 

Jean Dubuffet extrait de L’homme du commun à l’ouvrage. P43 «peindre n’est pas teindre»

 

«teindre c’est changer la couleur et rien de plus. Mon mouchoir, mes chaussettes, je les trempe avec une boule (de rouge), je n’en modifie pas appréciablement les qualités essentielles. La fine toile légère reste fine toile légère, la grossière reste grossière, le coton reste coton la laine laine. Tandis que le peintre transmue: il sait manier les enduits de manière à transformer ce linon délicat (ou ce mur) en substance de feuille d’arbre, de bois équarri, ou d’écorce, de coquille d’oeuf, de faïence ou de plancher sale, de peau de reptile ou de poisson, de silex ou d’ardoise, de crème, de glace, de peluche, de moire ou de velours, ou de sol pierreux»

 

Gaston Bachelard

 

« D’abord il n’y a rien, puis un rien profond, puis une profondeur bleue. »

 

Michel Pastoureau (le petit livre des couleurs)

 

«Les enfants, qui cherchent le trésor au pied de ses rayons (l’arc en ciel), le savent bien: les couleurs se dérobent dès qu’on tente de s’en emparer, elles ne sont qu’illusion…Car une couleur, c’est un ensemble de symboles et de conventions….La leçon que nous tirons ici est réjouissante: une couleur n’existe que parce qu’on la regarde. elle n’est en somme qu’une production de l’homme.»

 

«Tant que l’on pensait que la couleur était de la matière, il n’y avait pas de problème: les matières noires existaient, et le noir était une couleur comme les autres, un point c’est tout. Mais, si la couleur était lumière, le noir n’était il pas l’absence de lumière, donc, l’absence de couleur?»

 

Wolfgang LAIB

 

«C’est comme le soleil: il est jaune, mais on s’y intéresse surtout pour ce qu’il est par ailleurs. C’est aussi toute la différence qu’il y a entre le bleu du ciel et celui qu’un peintre utilise pour faire un tableau. Le ciel n’est pas une peinture bleue. Et moi, ce qui m’importe, c’est le pollen et pas une peinture jaune. Car mon travail, c’est aussi de recueillir le pollen, d’être dans un champ parmi les fleurs. Au départ, je ne choisis donc pas les matériaux pour leur couleur. Mais, ensuite, une fois que je travaille avec eux, elle joue de fait un rôle important. Le jaune du pollen est une chose incroyable.»

 

Des oeuvres